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Discours du Professeur Libasse Diop lors de l'AG constitutive

thumbnail Libasse DiopredimMonsieur le Doyen, mon Cher Lamine Dia, chers collègues, chers étudiants,
C’est pour moi un plaisir partagé et un honneur d’être ici au présidium pour parler de Chimie, de chimie africaine, de chimie au Sénégal à côté de Monsieur le Doyen Serigne Amadou NDIAYE, mon étudiant de la troisième promotion en année de Maîtrise, mais également M. Amadou Lamine DIA, de la 4ème promotion. Cela paraît loin quand ceux de cette année sont de la 37ème promotion.
Je suis heureux disais-je, de parler de notre passion commune, les molécules, dont l’écoute des mélodies sont les spectroscopies et leur capture par les rayons X, les images structurales.

Etre chimiste c’est se sentir heureux au milieu de ces senteurs tantôt suaves, tantôt nauséabondes : être chimiste c’est traquer les mouvements périodiques de ces êtres magiques, écouter leurs signaux et les décortiquer, suivre la trace de leur évolution cinétique, leur transformation par association avec d’autres consœurs aboutissant à des substrats nouveaux, à des molécules nouvelles, à des applications qui elles sont éléments de culture.
La Science est le moteur de la marche du monde et la centralité de la Chimie est d’une banale évidence : du pétrole au gaz, des phosphates aux minerais de fer, des aliments aux médicaments, des parfums aux essences diverses, de l’émeraude à l’or et au diamant, nous nageons dans Dame Chimie, irrévocablement.
La faiblesse de la chimie sur le continent africain, et singulièrement au Sénégal est certes la triste réalité mais Jean Paul Sartre disait que « l’important n’est pas la place que vous donne l’histoire, mais ce que vous faites de la place que vous octroie l’histoire ».
Le mot est la clé, l’avenir, l’avenir de la Science Africaine, de la chimie au Sénégal ; que faire, comment faire pour que l’Afrique lanterne rouge en tout puisse se relever de sa torpeur imaginative enfin de jouer une belle partition au bal des connaissances au pinacle du monde.
C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui afin que quelques noms de prix Nobel de Sciences des siècles prochains soient Ndiaye, Diarra, Mensah, Ekolo…. Ces noms maudits hier dans la transatlantique.
Oui ! Il s’agit de prouver au monde notre aptitude au raisonnement, à la créativité, à faire des résultats probants, en fait des producteurs de segments de Nouvelles Sciences.
Il se démontre pas moins de 300 000 théorèmes mathématiques par an, des centaines de milliers de molécules sont synthétisées par an : quelle est la part de l’Afrique ?
L’abondant soleil Sahélien et Africain est là, qu’en faisons-nous ? Le Président israélien Ben Gourion disait que « c’est par la transformation du désert du Néguev en terres fertiles que le monde respectera le peuple juif ». Et nous donc ?
Semons aujourd’hui les graines chimiques de demain, pratiquons la devise de Faraday l’éminent chimiste « Work, finish, publish ». C’est par l’effort au quotidien que l’homme s’élève, c’est par la passion que la fécondité jaillit, c’est par la lecture que se forge l’érudit.
Amilcar Cabral disait aux jeunes de son pays « Apprenez de la vie, des livres et de l’expérience des autres, mais ne cessez jamais d’apprendre ».
Au soir de nos vies de chimistes c’est cela que nous disons aux jeunes qui empruntent aujourd’hui les sentiers rocailleux de la Science sans moyens. Einstein disait que « l’imagination est supérieure à la connaissance en ce sens que la connaissance a des limites et l’imagination non » ;
Chers amis, merci pour cette idée merveilleuse et généreuse de la création de la Section Sénégalaise de l’IUPAC. Quelle soit le fer de lance du Sénégal chimique qui pourra compter demain si nous acceptons de ne pas céder au découragement.
Mme Potier, ma directrice de thèse me disait « Libasse, le travail, c’est la vertu » et M. Potier « Libasse, reste chimiste le plus longtemps possible ». Je pense que je le suis resté jusqu’au bout.
Tropicalisant Jean de la Fontaine je dirai pour terminer « Travaillez, prenez de la peine ce sont les défis qui manquent le moins ».
Je vous remercie de votre aimable attention.
Professeur Libasse Lahi DIOP
Ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur

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